18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 05:30

Suite aux lois Jules Ferry de 1881 et 1882 instituant l'enseignement primaire public, gratuit, obligatoire et laïque, des écoles communales furent ouvertes.


A Cavaillon, l'école des filles occupa les bâtiments de l'ancien couvent des Ursulines qui se trouvait approximativement à l'emplacement de la cour de l'actuelle école Castil Blaze (côté Grand-Rue). Pour les garçons, la Municipalité acquit la brasserie Bouisseau située près de la place de la Couronne (aujourd'hui place Gambetta) sur un tronçon désaffecté de la route départementale N° 3 d'Avignon à Mirabeau (route de Pertuis).

 

La brasserie Bouisseau sur le plan parcellaire PLM

Années 1850

 

On remarque que le tracé de la future voie ferrée sectionne la route départementale et le canal Saint-Julien. Au levant de la brasserie, un « chemin donné » est créé (actuelle avenue Pierre Sémard). La filiole d'arrosage dite le Grand Rialet qui passe au midi de l'immeuble Bouisseau existe toujours, entièrement couverte aujourd'hui ; elle longe le cours Bournissac et rejoint au Clos, la filiole de l'Évêché qui contourne la ville en suivant le cours Carnot. Après modification des locaux de l'ancienne brasserie (aménagement de salles, construction de préaux, pissotières, clôture et portail...), l'école des garçons ouvrit en 1886.

 

Ecole de Garçons - Carte postale F G

Cliché pris vers 1910

 

L'école comprenait un corps principal élevé de deux étages (ancienne brasserie proprement dite) se prolongeant au sud par deux ailes constituées chacune par des salles de classe et un préau, le tout ouvrant sur une grande cour de récréation ombragée de platanes. Le portail et ses deux portillons (œuvre du ferronnier Dibon) donnaient sur la chaussée dénommée aujourd'hui, rue Victor Basch. Le premier étage du bâtiment central était réservé au cours supérieur.


Agrandie au midi, l'école le fut aussi plusieurs fois au nord (classes, nouvelle cantine) et pour finir dans les années 1950 (installation de préfabriqués et construction d'un gymnase en limite du canal Saint-Julien). Après guerre, l'école prendra le nom de Paul Gauthier (1907-1940) en mémoire de cet inspecteur de l'Instruction Publique résidant à Cavaillon, mort pour la France.

 

Les bâtiments se dégradant dangereusement, l'école sera désaffectée à la fin des années 1970 et entièrement rasée à l'exception du gymnase dévolu depuis à des associations sportives (musculation, judo...). Après la démolition, ce vaste espace libre a fait l'objet de plusieurs projets d'aménagement (médiathèque, parking souterrain privatisé...) mais aucune de ces affectations n'a vu le jour. En attendant d'autres destinations - pourquoi pas un jardin public ? - l'ancienne École Paul Gauthier est devenue, faute de mieux, un endroit prisé pour se garer en centre ville.

 

Emplacement de l'école – Rue Victor Basch

Etat 22 janvier 2012

 

En arrière-plan, peu d'éléments subsistent de l'école (quelques soubassements et des traces d'arrachements lisibles sur les murs des immeubles voisins). Sur la rue, on peut cependant encore voir la base de la murette de la cour et aussi (miraculeusement épargnées jusqu'à présent) les assises en pierres froides des deux piliers extérieurs des portillons d'entrée. Les platanes, pour la plupart sont toujours là, tout comme l'appellation Paul Gauthier qui par habitude est restée collée aux lieux et désigne le parking, alors que ce nom fut déplacé vers le nouveau collège de la route de Gordes.

 

Nostalgie, nostalgie, quand tu nous tiens...

 

Pour nombre de Cavaillonnais cet emplacement est plus qu'un parking. Les platanes comme les traces dérisoires qui subsistent ça et là, ravivent parfois de lointains souvenirs et de profondes émotions d'enfance. Peut-on oublier la petite école où l'on a usé ses fonds de culottes et passé son Certif ?

 

 

Le fameux Certificat d'Etudes Primaires

 

Suivons en images en nous laissant guider par un petit Cavaillonnais au début des années 1940.

 

Les « droulas » s'amusent devant le portail de l'école.

 

  

Derrière les grilles !


Enlevées lors de la démolition, ces ferronneries furent sans doute récupérées ; on retrouve les mêmes clôturant une construction récente de Cavaillon.

 

La cour de récréation


Béret, culottes courtes et gros souliers cloutés... la marque d'une époque ! Au fond, le préau et ses piliers massifs (cour côté voie ferrée).

 

Sérieux, notre petit élève pose dans la salle de classe...


Notons les lourds bureaux en bois et le mur avec son imposant soubassement de carreaux céramique.

 

Quelques photos de classe sur les perrons de l'école :

 

Leçon de morale : la curiosité est un vilain défaut !

Décembre 1938

 

Février 1941

 

La tenue de monsieur Maurin (à gauche de la photo) en dit long du statut social dont bénéficiait à l'époque un directeur d'école. Croisé aujourd'hui dans la rue on le prendrait pour un banquier !

 

Classe de Mr Meynard

 

Et pour terminer, une pensée pour les maîtres... En rendant un hommage particulier au plus aimé, au plus pédagogue et au plus emblématique d'entre eux, Pierre Zaccharelli qui toute sa longue vie forma dans cette école et sur les terrains de sports des générations de petits Cavaillonnais.

 

Pierre Zaccharelli (1907-2006)

 

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Robert Sadaillan

Mars 2012

commentaires

P
Bel article qui remue beaucoup de souvenirs. En entrant, au rez de chaussée deux classes préparaient au certificat d'étude:celles de Mr et Mme Meynard.<br /> Une ou deux fois par an,Mr Maurin, amateur de rugby,nous conduisait au stade!<br /> Au cours complémentaire, je me souviens de Mr Seyssaud et de Mr Briand.C'était le bon temps!
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C
Mon mari, Guy, n'est plus là, mais je suis sure qu'il serait tout à fait d'accord avec vous au sujet de M. ZACCHARELLLI. J'ai eu la chance de le rencontrer et l'amour qu'il portait à tous ses<br /> élèves était un vrai bonheur. Il conservait toutes les photos de ses classes avec un tableau où figuraient le classement de ses "petits" et surtout, ce qu'ils étaient devenus. C'était vraiment un<br /> instituteur à l'ancienne qui aimait ses élèves et je pense que ces derniers le lui rendaient bien.
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