29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 05:00

Eglise rurale

Antiquité tardive - XIe-XIIe s.


Sondages, étude du bâti


Après une première phase de travaux consacrés à la réfection de la couverture de la chapelle (classée Monument Historique depuis 1982), la seconde étape prévoit la restauration des façades et des élévations intérieures. Au préalable, la ville de Cavaillon, propriétaire des lieux, et l’architecte en chef des Monuments Historiques ont sollicité le Service d’Archéologie du Département du Vaucluse afin de procéder à une étude complémentaire. La première évocation du lieu figure dans un acte de 1065, relatant un legs fait aux chanoines de Notre-Dame des Doms, d’une terre située à Lavenairolas, l’ancien toponyme du hameau des Vignères (1). Ce n’est qu’en 1216 qu’apparaît la mention d’une ecclesie de Leveneriis, dans un testament dressé par Giraud Amic, un puissant seigneur local désirant faire un don aux églises implantées sur sa seigneurie (2).


En 1320, le pape Jean XXII rattache la chapelle et quelques territoires alentours, à la chartreuse de Bonpas fondée en 1318 (3). L’édifice aurait fait l’objet de travaux au XVe s. puis au début du XVIIe s. (4). Aujourd’hui, cette petite chapelle romane présente une nef à deux travées se prolongeant par une abside voûtée en cul-de-four, dont l’opulence du décor sculpté contraste avec la sobriété du vaisseau principal couvert d’une simple voûte en berceau brisé. A l’extrémité orientale du mur gouttereau sud, un passage conduit dans une chapelle secondaire parée d’une absidiole en cul-de-four, et, à l’extrémité ouest, une porte en plein-cintre ouvre dans un porche roman, qui offre un exemple rare d’entrée monumentale pour un édifice de faible superficie. Du côté nord, seules deux chapelles latérales s’étendent entre les contreforts de la nef. L’ensemble forme une composition cohérente d’apparence assez modeste, qui témoigne néanmoins d’une longue évolution architecturale. En effet, l’église dont la nef originelle devait être charpentée, s’est élevée vers l’extrême fin du XIe s., contre une construction plus ancienne localisée à l’emplacement de la chapelle annexe.


Dans la première moitié du XIIe s., sa façade méridionale reçoit un porche richement décoré, plaqué contre la chapelle secondaire. Les derniers grands réaménagements ont lieu vers la fin du XIIe s., lorsque la couverture de la nef laisse place à une voûte appareillée, contrebutée par de puissants contreforts. Au XIXe s., deux chapelles latérales s’installeront entre ces contreforts nord. Par ailleurs, quatre sondages archéologiques ont été réalisés à l’intérieur de l’édifice et trois contre les façades. Les sondages extérieurs qui sont restés superficiels, n’ont pas apporté de renseignement substantiels, en dehors de la position du niveau de circulation externe qui n’a pas véritablement subi de modifications depuis le XIIe s. En revanche, les investigations menées à l’intérieur du bâtiment se sont avérées particulièrement enrichissantes. Elles ont confirmé que les niveaux de sol n’ont quasiment pas évolué entre le XIe et le XVIIe s., ce qui dans le cadre des restaurations futures permettra de restituer au bâtiment ses volumes d’origine. Elles ont surtout livré des informations de nature plus complexe, qui s’orientent vers d’intéressantes pistes de recherches portant sur la genèse et les fonctions attribuables au lieu. Sont apparus divers blocs antiques paraissant réemployés dans une construction préexistante à l’église du XIe s., et plusieurs niveaux de sol antérieurs aux élévations actuelles. Différents niveaux de sépultures, dont un sarcophage mis en place avant la construction de la chapelle primitive, ont été également identifiés.

 

Pour l’instant, ces connaissances partielles soulèvent plus d’interrogations qu’elles n’apportent de réelles réponses. Toutefois, ces éléments rapprochés des découvertes réalisées lors de fouilles menées l’année précédente, dans une propriété voisine semblent témoigner en faveur d’une très ancienne et importante vocation funéraire du site, peut-être dès l’Antiquité tardive ou le haut Moyen-Âge.


Nelly Duverger

Décembre 2008

 

Bibliographie


(1) Duprat (E.) - Cartulaire du chapitre de Notre-Dame des Doms, T. I, 1060 à 1263, Avignon, Musée Calvet, 1932, p. 34

(2) Duprat (E.) - Testament de Giraud Amic, dans Annales d’Avignon et du Comtat Venaissin, Société des recherches historiques de Vaucluse, J. Roumanille, Avignon, 1912, p. 163

(3) Gros (A.) - La chartreuse de Bonpas, Essai d’histoire locale, Aubanel, Avignon, 1995, p. 23-24

(4) Bailly (R.) - Répertoire des prieurés, chapelles, abbayes du département de Vaucluse, dans Mémoires de l’Académie de Vaucluse, T. X, 1965-1966, Aubanel, Avignon, 1966, p. 102

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