1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 09:19

Kabellion (de son nom gallo-grec), cité du peuple Cavare, qualifiée de « ville de Marseille » par le géographe grec Artémidore d’Ephèse, constitue dès le 6e siècle avant J.-C. un comptoir commercial puissant. Elle est en liaison avec la cité phocéenne et plus largement avec le commerce méditerranéen de part sa position stratégique de carrefour entre vallée de la Durance et vallée du Rhône. Son succès économique est tel que dès le 4e siècle avant J.-C. Kabellion se permet d’éditer sa propre monnaie (inscrite KABE, voir photo) sur le modèle des monnaies marseillaises qui inondent le marché régional et au-delà.


 

 

Les débuts de la romanisation sont marqués par les interventions armées des militaires romains venus au secours « désintéressé » de leur allié marseillais, attaqué de toutes parts par des tribus celto-ligures de la région (Salyens, Voconces, Allobroges). Strabon, géographe grec du 1er siècle avant J.-C. décrit clairement l'enjeu stratégique de ces campagnes de pacification : les romains en profitent pour asseoir leur domination militaire du territoire et ouvrir la route qui relie directement l'Italie à l'Ibérie (Espagne) par la création de la voie domitienne (Via Domitia) en 125 avant J.-C. et celle de la Province Narbonnaise (qui donnera son nom à la Provence), premier territoire colonisé de la gaule en 118 avant J.-C.

 

Les guerres civiles entre Pompée et César pour la prise du pouvoir à Rome sont prétexte pour achever la conquête de la Provence. Marseille, alliée à Pompée est assiégée et soumise à César. Dans cette période trouble, toutes les colonies marseillaises et cités alliées subissent une sévère répression (Apt est rasée). Seule Antibes est épargnée. Bien qu’ancienne colonie phocéenne, un gouverneur romain de la Province Narbonnaise, Lépide, donna l’autorisation à Antibes de frapper sa monnaie.


Ainsi, à Cavaillon, faut-il voir dans la présence de monnaies à la fois frappées du nom du gouverneur romain (LEPI) et du nom latinisé de la ville (CABE pour Cabellio) un avantage pareillement accordé à la cité cavare pour se détacher de l'orbite marseillaise avant sa chute (voir photo) ?


Au premier siècle de notre ère, Pline (historien romain) mentionne dans son énumération des colonies latines de la Narbonnaise « Avenio (Avignon), ville cavare, et Cabelio (Cavaillon) ». Des monnaies apparaissent à la fin du 1er siècle portant l’inscription COL CABE pour Colonia Cabelliensis (colonie cavaillonnaise) associée selon les exemplaires soit au nom du premier empereur, Auguste (photo jointe), soit à une tête de soldat. Cavaillon constitue donc dès cette époque une colonie romaine.

 


Pourtant, un certain nombre de vestiges archéologiques paraissent montrer que cette annexion n'a probablement pas été faite sans heurts ni révolte : des traces de destructions violentes d'habitats datant de la première moitié du 1er siècle de notre ère ont été repérées en plusieurs points, ainsi qu’une importante couche d’incendie sur la partie sud de la colline Saint-Jacques marquant la destruction de l'oppidum gaulois, foyer de rébellion, et témoignant sans doute ainsi de la défense par les Cavares de leur attachement à Marseille contre l’envahisseur romain.

Cavaillon Infos, décembre 2010

commentaires

Nombre de visiteurs

depuis le 01/11/2010

Rechercher