30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 09:25

Ce très beau fronton du XVIIIe siècle orne un monument célèbre de Cavaillon. De quel édifice s'agit-il ? Et quelle est son affectation actuelle ? Si l'on scrute attentivement sa façade, on découvre une cicatrice dans la pierre. Quelle en est la cause ? A quel épisode de l'histoire cavaillonnaise nous renvoie ce témoin ?

 

 

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Robert Sadaillan

29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 15:52

Au Moyen-Âge, les remparts percés de portes enserrent Cavaillon ; celle de la Couronne s’ouvre en face d’un chemin qui conduit vers les villages du Luberon.

 



Au XVIe siècle, elle sera fortifiée avec cloche, corps de garde ; des anneaux de fer retiennent les chaînes du pont-levis.

Au XVIIe siècle, une croix est érigée au centre de la place. (D’après Michel Jouve, la croix se trouve à l’église et le piédestal a été posé au cimetière.) Une chapelle se trouve en face de la porte, Saint-Sixte (café de la Fourmi).

Au XVIIIe, la place prend forme avec son esplanade surélevée ; les futurs cours se dessinent par le comblement des fossés. L’endroit prend alors le nom de « Place d’Armes ».

En 1731, un tremblement de terre ébranle la porte qui sera abattue.

 


 

Au XIXe siècle, le marché traditionnel du lundi y accueille les moutons et les chevreaux ; des investisseurs créent des auberges. D’accès facile, cette vaste esplanade reçoit le bureau d’octroi. La place devient vite un lieu de rassemblement.

Sous la IIIe République, elle servira pour les fêtes (bals, concerts, feux d’artifice). La place prend le nom de « Léon Gambetta » en 1877, avant de recevoir son monument 30 ans plus tard.

En 1904, un conflit oppose Véran Rousset à François Blanchet, à propos de l’installation de water-closets.

Au fil du temps, la place prendra sa forme définitive, avec la construction de la Charité (XVIIIe), de l’hôtel Moderne et le percement de l’avenue Paul Doumer pour rejoindre la gare (XIXe).

En 1962, un polyèdre remplace le monument Gambetta fondu en 1943.

 

Jean Giroud

29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 05:00

Pour connaître la façon de vivre de nos aïeux, nous disposons d'une riche source d'informations, la presse locale, particulièrement riche en titres aux XIXe et XXe siècles. J'ai récemment feuilleté « La Farandole », hebdomadaire avignonais, paru entre octobre 1912 et juillet 1914, qui donne de précieux renseignements sur la vie mondaine, artistique et littéraire du département de Vaucluse. Je fus surpris de l'assez grand nombre d'articles consacrés à un sport présenté comme nouveau, les courses d'ânes. Durant cette brève période, des asinodromes (mot formé d'asinus : âne, et de dromos : piste) poussèrent, tels champignons en septembre, à Avignon, Carpentras, Orange, Saint-Rémy, L’Isle, Salon, Châteaurenard, Cavaillon.

 

Dans cette dernière ville, la piste où se produisaient les aimables quadrupèdes se trouvait au quartier de la Clède.

Les épreuves étaient variées :
- course plate, sur 750 mètres ;
- course d’ânes attelés, sur la même distance ;
- course de haies ;
- course d’endurance ; etc.
Des rencontres étaient également organisées pour des mulets, ânesses, petits chevaux et poneys.
Comme dans beaucoup de sports, les préoccupations et répercussions économiques n’étaient pas absentes (déjà !) :
- les courses étaient dotées de prix ;
- elles faisaient l’objet de paris ;
- partie des recettes étaient versées aux bureaux de bienfaisance ou aux fourneaux économiques (les ancêtres des restaurants du coeur) ;
- enfin, cabaretiers et autres commerçants devaient profiter de l’afflux d’amateurs.
Cet engouement semble ne pas avoir duré longtemps. Peut-être le caractère un peu fantasque de l’âne en fut-il la cause. Dans un compte-rendu d’une course à Avignon, reproduit ci-dessous, on peut voir que ces courses étaient sans doute riches en péripéties. Peut-être aussi les parieurs se lassèrent vite d’animaux aussi imprévisibles.
Il n’en reste pas moins que, pendant quelque temps, alors qu’allait éclater la première guerre mondiale, Apollon, Fayau, Kébir, et autres Gazelle firent la joie des petits et des grands.

 

Jean-Louis Charvet

 

ANNEXES

 
I. Extrait de La Farandole du mardi 22 octobre 1912

LES SPORTS
INAUGURATION DE L'ASINODROME (Avignon)

Quelle agréable après-midi : un soleil radieux, un décor charmant d'arbres dorés par l'automne ; dans l'enceinte une foule joyeuse, alerte, sans cesse en mouvement. Au pesage, les ânes, nombreux ma foi, étaient entourés, flattés. Quelques-uns exhibaient fièrement des harnais tout neufs. D'autres traînaient, à l'aide de cordes, des voitures rustiques, parfois même inachevées.

Les jockeys manquaient d'élégance dans leur costume fané. L'un d'eux s'était contenté d'une écharpe rouge sur une chemise bleue. Impayables d'ailleurs, ces jockeys, avec leurs longues jambes qu'ils ne savaient pas où caser. Deux s'attirèrent la faveur du public : l'un tout blond, tout petit, dix ans peutêtre, est arrivé second dans la première course, traîné par Flor-Fina ; l'autre, brun, à peine plus âgé, s'est adjugé la même place dans la troisième et la cinquième épreuve où il a dépassé au dernier tour deux rudes coureurs.

L'hilarité du public a été fréquemment excitée par les ânes. Tantôt ils se dérobaient devant une haie ; tantôt ils entraient en lutte avec la barrière, ou bien encore, faisant un brusque tête à queue, ils déposaient leurs cavaliers sur le gazon rare. La troisième course a fini d'une manière impayable : les premiers coureurs arrivés au poteau se mêlèrent aux derniers achevant paisiblement leur avant dernier tour.
La Philharmonique avignonaise a exécuté quelques-uns de ses plus jolis morceaux durant cette solennité sportive, à laquelle rien n'a manqué, pas même les surprises au pari mutuel : un des ânes, Pompon, n'a-t-il pas rapporté à la quatrième course, 125 fr. à ses heureux partisans ?

 

II. Extrait de La Farandole du mardi 12 novembre 1912

ASINODROME
Cavaillon

Voici les résultats des courses du 3 Novembre à l'Asinodrome de la Cléde.
Prix d'Ouverture. 70 fr. Distance : 1 200 mètres ; pour ânes et ânesses. Trot monté ou attelé, allure libre.
1. Marcel ; 2. Raoul.
Pari Mutuel : Gagnant : 54 fr. ; Placés : 6 fr. 50, 6 fr. 50.
Prix du Luberon. 100 fr. Distance : 2 500 mètres ; pour ânes et ânesses. Trot monté ou attelé.
1. Gazelle ; 2. Perlette.
Pari Mutuel : Gagnant : 6 fr. 50, Placés : 5 fr. 50, 6 fr.
Prix de Saint Jacques. 70 fr. Distance : 900 mètres.
1. Raoul ; 2. Fayau Vert.
Pari Mutuel : Gagnant : 10 fr. 50 ; Placés : 5 fr. 50, 9 fr. 50.
Prix de la Cléde. 80 fr. Pour mules et mulets. Distance 2 000 mètres.
1. Poulet ; 2. Vol-au-Vent ; 3. Appolon.
Pari Mutuel : Gagnant : 13 fr. ; Placés : 7 fr., 7 fr., 9 fr.
Prix des Dames. Pour chevaux et juments. Trot monté ou attelé. Distance 2 000 mètres.
1. Arthur ; 2. Muguet ; 3. Kebir.
Pari Mutuel : Gagnant : 10 fr. ; Placés : 5 fr., 5 fr., 5 fr.50.


Note : pour donner une idée de la valeur des prix, j’indique que l’abonnement annuel à l’hebdomadaire La Farandole coûtait 8 francs.

29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 05:00

Regard d'hier : avant la guerre de 14 (carte postale Roux Fortuné, Cavaillon)


Cliché pris depuis l'intersection de l'Avenue de la Gare avec la Chaussée du Pont. 
On reconnaît aisément les lieux, à gauche, l'immeuble du Bitter Africain, puis un vaste terrain non encore bâti, et dans le fond, entre les feuillages, on distingue la gare.

Regard d'aujourd'hui : photographie prise le 20 octobre 2011


L'Avenue de la Gare porte depuis les années 1920 le nom du maréchal Joffre, vainqueur de la première bataille de la Marne, et la Route du Pont est devenue l'Avenue de Verdun.
Les platanes ont bien grandi, et sur les trottoirs les automobiles ont remplacé les carrioles d'antan.
A gauche, dans le prolongement du Bitter Africain, furent édifiés entre les deux guerres la Banque de France, devenue depuis la Caisse de Crédit Agricole, et le cinéma La Cigale.
A droite, la petite devanture "Belle Époque" a résisté aux changements de mode. Un peu plus loin, présence de deux immeubles modernes construits dans les années 1960/70.

Un peu d'histoire
Large de 19 mètres, l'Avenue de la Gare est une création de la fin du XIXe siècle.
Le projet de lotissement fut voté en 1869 sous le mandat de Félix de Crousnilhon ; il souleva une très vive polémique.
Pour plus détails, se référer au livre de Jean Giroud Cavaillon et ses maires, page 141.

 

Robert Sadaillan

Octobre 2011

24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 18:42

Ce cliché pris par les Jouve à la fin du XIXe siècle nous montre le grand portail de la Charité de Cavaillon qui donnait sur l'actuel cours Victor Hugo. Par ce portail monumental, on accédait à un vaste ensemble de bâtiments et de jardins dénommé « la Charité » puis « l'Hospice » (comme on peut le lire sur la plaque de marbre au-dessus de l'arc ; cliquer sur les images pour les agrandir).

 

La Maison de Charité ou Aumône Générale de Cavaillon fut édifiée à partir de 1743 par le maître-maçon Bertet dans « le pré des Aubettes, au quartier de la porte de la Couronne ou de St-Sixte », grâce à la générosité de l'apothicaire Thomas Hérisson (1639-1724) qui légua sa fortune « aux pauvres orphelins et nécessiteux » de la ville. 

 

L'Hospice de Cavaillon demeura en ce lieu jusqu'à la construction de l'actuel Hôpital-Hospice inauguré en 1907. Auparavant, les services de santé se trouvaient éclatés sur deux sites : l'Hôtel-Dieu intra muros, à coté du Portail du Moulin (aujourd'hui Musée archéologique et ex-immeuble EDF) ; la Charité extra muros, qui donna son nom au cours voisin. Après 1907, les bâtiments et les terrains de la Charité furent vendus et le portail démoli afin d'ouvrir une nouvelle artère perpendiculaire au cours, qui prendra le nom de boulevard Émile Zola.

 

 

Photo de gauche 1920 Le boulevard Émile Zola débute à l'emplacement du portail de la Charité dont seuls subsistent les deux pots de pierre (vases d'amortissement) récupérés par les Jouve et qui se trouvent toujours dans la cour de leur maison (voir photo ci-dessous). Le cours de la Charité se dénomme désormais cours Victor Hugo. Des immeubles se sont construits de part et d'autre du nouveau boulevard ; à l'angle droit, on aperçoit les locaux de l'imprimerie Mistral (qui a quitté la place du Commerce).


Photo de droite 2011 De prime abord, peu de changements visibles depuis les années 1920. Cependant, le platane de gauche n'existe plus et la librairie-imprimerie Mistral, longtemps dirigée par la famille Mitifiot, vient de laisser place à d'autres commerces. De même, les immeubles du fond ont disparu en raison de la création avant-guerre du boulevard « cintré » appelé aujourd'hui rue Paul Doumer. De la Charité, seul demeure encore (mais, hélas, surélevé d'un étage-terrasse) le très beau corps d'entrée qui abrite à présent l'étude notariale Chabas.

 


 

Et changement récent : le boulevard Émile Zola porte désormais le nom de Fleury Mitifiot (1912-2002), dernier propriétaire de l'imprimerie Mistral et maire éminent de Cavaillon de 1945 à 1977.

 

Robert Sadaillan

Décembre 2011

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