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impasse Romarins

 

   Un entrevous est un élément de maçonnerie qui remplit l'espace compris entre deux solives d'un plancher.

   Plutôt que d'entrevous (étymologiquement: entre voûte) on parle aujourd'hui pour les planchers béton, de "marmites", de hourdis; éléments juxtaposés pleins ou creux, en aggloméré ou en terre cuite disposés entre des poutrelles armées, sur lesquels on coule une dalle.

   En septembre 1988, je fus témoin de la démolition d'une maison de la Grand Rue, située en face de l'immeuble Barillon (cadastrée CK n°585). Dans la petite cour intérieure, on pouvait envore voir une remarquable fenêtre géminée aux arcs trilobés qui remontait peut-être au XIVe siècle.

   Sur les décombres de la maison, j'eus la surprise de découvrir de nombreux fragments de dalles en plâtre d'environ 10 cm d'épaisseur, portant sur l'une de leurs faces des motifs en relief (figures géométriques, mais aussi fleurs, blasons et animaux.

 

vue agrandie d'un motif sculpté et peint

 

   On distinguait très nettement que tous ces éléments appartenaient à une même structure, en l'occurence une dalle de plancher faite de chaux et de plâtre, coulée entre et sur des pièces de bois.

   Cette forme de plancher constituée de solives et d'entrevous en maçonnerie se rencontre assez fréquemment, mais ici les entrevous étaient ornés de décors. Pour cette maison qui devait être une demeure aristocratique, un artiste avait sculpté en creux sur les planches du coffrage, des séquences de motifs qui après démontage allaient décorer durablement le plafond. 

   Cette découverte inattendue fit regretter la démolition de la maison médiévale, d'autant que ce genre de décor paraît ancien (fin XVe siècle?) et rare en Provence.

   Depuis, par trois fois, l'occasion m'a été donnée de trouver de nouveaux fragments d'entrevous en tout point semblables aux premiers:

- en 1989, Rue Michelet, dans les démolitions de la banque Avy (CK n°46)

- en 1990, au cours de sondages sur le parking privé de la Mairie

- en 2008, Rue Dupuy-Montbrun, lors de l'opération ADPI (CK n°732).

   Mais mieux encore, nous savons aujourd'hui qu'il existe toujours un plafond intact en place, et mis en valeur par ses propriétaires, Impasse Romarin.

   Ce type d'entrevous se répétait donc au moins en cinq lieux différents de la ville et sans doute davantage si l'on prend en compte le nombre de destructions massives dont fut victime le centre historique de Cavaillon.

   Pour expliquer cette présence on peut probablement parler d'effet de mode, d'engouement; la plupart des "apparents" de la cité voulant avoir chacun leur plafond!

   Bien des interrogations se posent quant à la datation des moules, à la symbolique des thèmes et aux influences, voire à l'originalité de l'œuvre.

   Seule une étude approfondie et exhaustive pourra nous apporter des réponses, et puis qui sait, d'autres entrevous se cachent peut-être encore sous de faux plafonds modernes? Évitons à présent de les détruire gratuitement.

 

Robert SADAILLAN

Bulletin ("Patrimoine et culture" N°13 octobre 2011- chronique)

 



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Conférences à venir en 2012-2013 

Roberto Fornies Alaiz

 

Année 2012

 

Jeudi 4 Octobre à 15h : Association FONSECA

"Dans le tumulte du siécle, Jorge Semprün"

Médiathèque jean Louis Barrault à Avignon

Rocade Charles de Gaulle

Vendredi 9 Novembre à 18h : Associations SINOPLE et PO' ART

"Un artiste en camp de concentration"

(L'art au service de la mémoire)

Ateliers Sinople

Avenue de la gare à Pernes les Fontaines

 Samedi 17 Novembre à 14h30 : Association KABELLION

"Un artiste en camp de concentration"

(L'art au service de la mémoire)

Salle Bouscarle à Cavaillon

Vendredi   23 Novembre  à 14h30 :Association ASCREN 

"L'oeuvre émancipatrice de la République espagnole"

(Pour comprendre les causes de la guerre d'Espagne)

Médiathèque jean Louis Barrault à Avignon

Rocade Charles de Gaulle





Année 2013



Jeudi 14 Février à 15h : Association UNIVERSITE NYONSAISE DU TEMPS LIBRE

"Dans le tumulte du siécle, Jorge Semprün"

Maison du Pays de Nyons

Promenade de la digue 

Samedi 18 Mai à 14h30 : Association MEMORI

"Exil et immigration, les espagnols en France"

(Un siécle d'intégration réussie)

Espace associatif municipal

25 Boulevard Paul Pons

Route de Velorgues  L'Isle sur la Sorge


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Fêtes d'antan : la Commune Libre de Castil-Blaze

Par Jean-Claude Pieri

1e partie    2e partie    3e partie    4e partie

 

Cavaillon plage

Par Jean-CLaude Pieri

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Cavaillon, Regards croisés

Par Robert Sadaillan

L'Avenue de la Gare

La Maison de Charité

L'Ecole des Garçons

 

L'énigme

Par Robert Sadaillan 

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Au coin de la rue

Par Jean Giroud

Place Léon Gambetta (ou de la Couronne)

 

Les armoiries des familles cavaillonnaises 

Par Jean Giroud

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Il y a 100 ans, les courses d'ânes

Par Jean-Louis Charvet

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La Chartreuse de Bonpas et ses tombeaux

Par Aurélie Imperiale

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Par Jean-Claude Pieri                                                1e partie  2e partie  3e partie

 

Depuis 1936, les différents groupes folkloriques et musicaux de la Commune Libre prêtent leur concours aux défilés du Corso de Cavaillon. Au mois de mai 1952, à l’occasion de la vingt-et-unième édition de la cavalcade, elle présente le char « Hommage à Castil-Blaze », construit par Ange Zaccarelli, sur lequel a pris place Marie-Thérèse Cerutti, la Miss de l’année 1951. La phalange des Bigophonistes et la brigade des Sapeurs Pompiers l’escortent dans son périple citadin. Ce sera la dernière participation de l’association à cette grande tradition cavaillonnaise.

 

Le char de la Commune Libre

Marie-Thérèse Cerutti

(Ph. Coll. MT Gobert)

 

    9/ 1953 : LA FÊTE EST FINIE !  ♦

 

Depuis 1947, malgré la popularité et le succès de ses fêtes, la Commune Libre doit faire face à de nombreux problèmes d’ordre administratif.

L’année précédente, Clément Cespo quitte Cavaillon pour s’installer à Valence et Paul Dublé décède brutalement.

Jean Louet s’implique de plus en plus dans le nouveau comité des fêtes de la ville, aux dépens de celui de la Commune et délaisse quelque peu son poste de directeur général du « Le Petit Castil-Blaze ».

Le journal, également confronté à des problèmes techniques et financiers posés par les défections des annonceurs et les exigences de l’imprimeur est contraint de cesser sa publication à partir de 1951.

En 1953, certains membres du conseil municipal et du comité des fêtes affichent une évidente lassitude devant une gestion devenue pesante et mobilisatrice à leur gré. En outre, depuis quelques temps, la santé du maire est déficiente et sa participation aux séances de travail devient sporadique. Après maintes réflexions et discussions, la décision est donc prise de prononcer la mise en sommeil de l’association dès la fin des festivités.

Ainsi, au soir du 6 juillet 1953, les lampions de la fête s’éteignent définitivement sur l’une des manifestations les plus populaires de son époque dans la ville et dans la région. Le décès de Claude Maréchal quelques semaines plus tard, scelle à jamais l’étonnante épopée de la Commune Libre de Castil-Blaze.

 

Dans les années 1960 et 1970, d’autres associations de quartiers essaieront de perpétuer ces fêtes si populaires et conviviales (La Clède, Saint-Martin, La Gare, etc.). En 1991, la jeune Commune Libre de Cabassole commence à animer le quartier situé autour de la cathédrale Saint-Véran.

Aucune de ces festivités ne connut la notoriété et l’éclat de celles de Castil-Blaze. Victimes des modifications profondes de la société et des changements de mentalité, elles se sont étiolées au fil des ans pour finalement disparaître. Il en fut ainsi de la place Castil-Blaze, de ses festivités et de ses activités commerciales. Tout cela appartient désormais au passé du quartier et à celui de la ville.

Imperturbable au sommet de son socle de pierre, à l’ombre des platanes vénérables, le Félibre veille encore sur sa place. Laissons-lui le mot de la fin :


« C'est une chose bien bouffonne que la vie. Voilà plus de septante ans que je m'en amuse et je ne suis pas disposé à cesser d'en rire ! » (1855) 

 

  10/ ÉPILOGUE : SOUVENIRS, SOUVENIRS...

 

Le samedi 14 avril dernier, l’association Kabellion organisait une conférence au cours de laquelle Jean Giroud et moi-même, présentions notre ouvrage « Castil-Blaze, histoire d’un quartier ».

Un diaporama évoqua successivement l’histoire de cette place, la généalogie de la famille Blaze et de son plus illustre descendant Castil Blaze. La dernière partie fut consacrée à l’évocation de la Commune Libre et à ses festivités.

Dans l’assistance, se trouvaient cinq personnalités qui participèrent à ces fêtes délirantes et qui, l’espace d’un instant, ont fait ressurgir pour tous les spectateurs présents un passé plein d’émotion et de nostalgie.

Il est émouvant de constater, qu’au-delà des années, ces personnes cultivent encore entre elles une amitié intacte et profonde. Leur sourire et leur bonne humeur donnent plus que jamais l’envie de continuer la fête. La vraie fête !

 

Les invités (Ph. R. Escoffier)

 

Au premier rang, de gauche à droite : Gaby Gonin, Bigophoniste et bouliste ; Marie-Thérèse Cerutti-Gobert, Miss CB 1951 ; Andrée Ferracci-Pizoird, Miss CB 1949 ; Pierre Louet, fils de Jean Louet et patineur ; Jeannine Maréchal-Crouzet, Miss CB 1953.

 

© Jean-Claude Pieri

Avril 2012

 

Crédits photographiques. Sauf indication spéciale, toutes les photographies de cette suite d’articles sont tirées du journal « Le Petit Castil-Blaze » et sont l’œuvre de Jacques Chardon.


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Par Jean-Claude Pieri                                                1e partie  2e partie 


  8/ LE DEROULEMENT DES FETES 

 

De 1937 à 1939, les fêtes se déroulent sur quatre jours au mois de juillet. Lors de la reprise, en 1945, leur durée est raccourcie à trois jours. Comme la plupart des fêtes votives, celle de Castil-Blaze propose les habituelles animations qui amusent petits et grands : mât de cocagne, courses de brouettes, de sacs, de tonneaux, de chevaux de bois, de carrioles, etc. Quelques attractions foraines s'installent dans la cour de l'école de filles (manège enfantin, stand de tir, auto tamponneuses, etc.).

En soirée, se succèdent apéritif-concert, bal public sans oublier la traditionnelle retraite aux flambeaux animée par les fanfares réputées que sont « L'Amicale Avant-garde Cavaillonnaise », « Le Rallye Cavaillonnais » ou encore « La Sirène Chevalblanaise ». Lors de la dernière soirée, un grand feu d'artifice illumine la place.

Pendant toute la durée des fêtes, se déroulent de nombreux concours de boules au cours desquels s'affrontent les meilleurs joueurs de la région. Ils sont organisés par « La Boule Joyeuse de Castil-Blaze », chère au président Claude Maréchal, monsieur le Maire.

Les revendeurs locaux de TSF (Claudet, Roche, Félix) assurent la radiodiffusion quotidienne des événements, entrecoupée par les chansons dédicacées du « Disque des Auditeurs ». Le photographe Jacques Chardon en filme le déroulement et le projette ensuite aux Cavaillonnais lors des séances du ciné club local dont il est le président.

 

Chaque année, pour rendre les fêtes plus attractives, le Comité propose de nouvelles animations farfelues et délirantes qui attirent de nombreux spectateurs enthousiastes. En 1937, sur le cours Gambetta se déroule une grande course de triporteurs disputée par tous les garçons-livreurs des commerces locaux utilisant ce curieux tricycle. C'est la première fois qu'une telle compétition est proposée aux Cavaillonnais. En 1939, un concours de grimaces permet de découvrir les talents cachés des jeunes bambins de la place ainsi qu'une illustration tout à fait réaliste du célèbre refrain de l'hymne montmartrois « Monte là-d’ssus, tu verras... » !

 

Course de triporteurs Concours de grimaces

 

L'année 1945 est marquée par deux événements, l'un sportif, l'autre officiel. Tout d'abord, dans la matinée, se dispute une grande course des garçons de café de la ville, remportée par l'équipe du « Grand Café d'Orient » dont le propriétaire est le sympathique et jovial Paul Mézard.

 

Course des garçons de café Mézard et son équipe

 

Puis en fin de soirée, a lieu l'inauguration du second buste de Castil Blaze. Cette réplique en pierre, œuvre également du sculpteur Frédéric Viau, fut érigée en août 1942 pour remplacer le buste en bronze réquisitionné pendant la seconde guerre. La cérémonie se déroule en présence du sous-préfet, de la municipalité de la Commune Libre au grand complet et de nombreuses autorités et notabilités cavaillonnaises. C'est le félibre vedénois Marcel Mitan qui prononce le discours inaugural. 

Inauguration du buste de Castil Blaze

 

En 1947 se dispute le premier grand prix de patins à roulettes ouvert aux enfants âgés de neuf à quinze ans. Les concurrents partent et arrivent à Castil-Blaze, après un périple par la place et la rue Gambetta. L'équipe de Castil-Blaze avec dans ses rangs les jeunes Charles Galliana, Émile Morlot, Bernard Bressy, Pierre Louet, etc., fait figure de grande favorite devant celles de Saint-Charles, de La Mairie, de l'Abreuvoir, etc. Mais, au final c'est un jeune Robionnais qui remporte l'épreuve !

 

Les patineurs de Castil-Blaze L'heure des récompenses


Les spectateurs assistent également à un original concours de... triplés ! L'heureuse famille qui présente les trois plus beaux enfants se voit remettre le premier prix d'un montant de cinq cents francs (vingt six de nos actuels euros).

Cette même année toujours, dans la journée du lundi, se tient sur la place une foire commerciale et agricole avec notamment un marché à la volaille et aux escargots. Durant des années, cet éventaire deviendra le grand rendez-vous hebdomadaire des fermiers de la région avant de disparaître victime de l'urbanisation du XXIe siècle. 

Le marché à la volaille (Ph. AM Cavaillon)

 

Lors de la fête de 1948, la place sert de théâtre à la reconstitution parodique du célèbre épisode de l'Histoire de France : « Clovis et le Vase de Soissons ». Dans la version castilblazienne, le maire-druide Claude Maréchal et ses Francs-Bigophonistes s'apprêtent à se partager le (bien maigre) butin pillé chez les commerçants de la place : ustensiles ménagers de la Maison Thomassin et paquet publicitaire géant de cigarettes « Celtique » de chez l'ami Cespo ! Quant à la célèbre relique d'argent de l'histoire, force est de constater que les siècles en ont altéré l'éclat ! Contrairement à nos manuels scolaires, le soldat belliqueux et revendicatif connaîtra un sort moins tragique que celui de son prédécesseur !

 

Le Vase de Soissons avant...
et après ! (Ph. Coll. M. Berguet) 

 

En 1950, à l'occasion du quinzième anniversaire de la Commune Libre, « Le Petit Castil-Blaze » annonce que « le dimanche 2 juillet, dans le coquet quartier de Castil-Blaze, éclatera un grand BOUM ! ».

Cinq grandes épreuves sportives sont en effet programmées ce jour-là et tout au long de la journée, entre la rue Pasteur et la rue Gambetta, la place se transforme au fil des heures en autant de terrains de compétitions.

Dès neuf heures, ont lieu des courses de poneys réservées aux enfants âgés de six à huit ans. Organisées par « L'Écurie Lassalle » (cours Gambetta) elles se disputent par catégories d'âge, entre la rue Gambetta et la place, aménagées en hippodrome !

À onze heures, est donné le départ du quatrième grand prix de patins à roulettes, remporté (enfin) par l'équipe de Castil-Blaze dans une ambiance survoltée.

À quinze heures, « L'Étoile Sportive Cavaillonnaise » organise un grand critérium cycliste auquel participent quelques-uns des meilleurs coureurs régionaux parmi lesquels, l'enfant du pays, René Milhaud, propriétaire du « Café Glacier », sur le cours Gambetta. Le matériel est gracieusement fourni par Jean Fonticelli, marchand de cycles bien connu de la place de la Mairie. Sur un circuit aussi réduit, les concurrents deviennent de véritables casse-cous !

À dix-sept heures, se déroulent de spectaculaires courses de scooters, présentées par Roger Maynard, spécialiste en cycles et motos, avenue des Écoles (actuelle rue Victor Basch). Des épreuves de vitesse, poursuite, fond, kilomètre contre la montre sont inscrites au programme, garantissant au public des moments de frissons et d'émotions fortes.

Le lundi en fin de soirée, le jeu radiophonique « Miss d'un jour », parodie la célèbre émission radiodiffusée « Reine d'un jour » du populaire Jean Nohain. À cette occasion, la miss de l'année reçoit de nombreux cadeaux de la part des commerçants de la place.


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