4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 10:28

Le statut de Cavaillon


Sous le protectorat romain, Cavaillon est une cité de droit latin. Elle représente une communauté de statut dont le « droit de nationalité » est acquis par la naissance ou accordé par un magistrat, un père de famille ou une loi.

 

Le titre de colonie latine donne à la ville un certain nombre de privilèges réservés à un groupe de personnes fortement romanisées. Les magistrats des villes colonisées, qui forment le sénat local, pouvaient prétendre à la citoyenneté romaine complète à la fin de leur mandat.

 

Cavaillon partage le rare privilège, avec Avignon, elle aussi cité cavare, d’avoir été centre d’émission de frappes monétaires. Il n’est pas sans conséquence historique que cette concentration d’ateliers distincts touche une zone géographique aussi restreinte, alors que le pays salyen (1) (Aix, Martigues, Arles, Salon de Provence), hormis Glanum (Saint-Rémy de Provence), ne fournit aucune émission similaire.

 

Nous avons ici la preuve d’un commerce monétarisé, auquel se livraient les Cavares. La production de monnaies semble avoir été concédée au début de la romanisation (seconde moitié du Ier siècle av. J.-C.) par la puissance dominante romaine. C’est dire l’importance que le pouvoir colonisateur accordait aux ressources de ce territoire et à son économie.

 

(1) Les Salyens constituaient l’alliance de plusieurs tribus gauloises dominant un large territoire au sud de la Durance (leur ville principale était l’oppidum d’Entremont à Aix-en-Provence) et concurrente des Cavares dans le commerce avec Marseille. Suite à son attaque du comptoir massaliote, dans le but d’en briser l’hégémonie économique la confédération salyenne est détruite par les romains en 125 av. J.-C.

 

L’administration de la cité de Cavaillon


L’intégration de Cavaillon dans l’empire romain amène la mise en place d’une administration de droit latin dont on retrouve la trace à travers les inscriptions de certains vestiges lapidaires exposés au musée archéologique de l’Hôtel-Dieu.

 

Une stèle funéraire découverte au quartier des Arcoules est dédiée à un sévir, notable appartenant au collège de six affranchis (sex vir : six hommes libres) chargés du culte impérial. Il s’agit d’un sévir augustal, prêtre attaché au service divin de l’empereur Auguste.

 



Une autre stèle funéraire est dédiée à l’un des administrateurs de Cavaillon, le quattuorvir. Il s’agit d’un des quatre édiles de la cité, charge accessible dans une ville de droit latin et donc postérieure au début du IIe s. (voyage d’Hadrien, vers 122) et antérieure à l’édit de Caracalla (2) en 212. Par la suite, l’administration est assurée par deux magistrats. Les édiles assurent de nombreuses tâches : ils étaient chargés de l’inspection des bâtiments publics, des approvisionnements, de la police, de l’entretien de la ville et de l’organisation des jeux.

 

(2) L’édit de Caracalla de 212, également appelé Constitution antonine (Constitutio Antoniniana), est une des lois les plus connues de l’Empire romain. Il accorde la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire qui ne l’avaient pas encore.


La romanisation à travers les noms de famille

 

Les tria nomina (trois noms) sont le signe identitaire du citoyen romain ou de ceux qui veulent se faire passer comme tel. Ils se composent du prénom suivi du nom de famille puis du surnom. Il y a la possibilité d’ajouter le patronyme (fils de…) et l’indication de la tribu. La stèle du quattuorvir mentionne seulement deux noms romains et nous indique que celui-ci fait partie de la tribu des Voltinia.
Les Gaulois s’aperçoivent rapidement que la dignité et l’opulence ne concernent que les citoyens romains. Ils peuvent néanmoins le devenir en latinisant leur nom et en s’inscrivant dans l’une des 35 tribus romaines. Pour les Narbonnais (habitants de la province Narbonnaise), ce sera la tribu Voltinia.

 


 

Une troisième stèle funéraire du musée archéologique fait référence à la prestigieuse gens Pompeia (famille de Pompée). Tous ceux qui se reconnaissent du même pater (c’est-à-dire du même ancêtre glorieux) sont de la même gens. Ils portent le même nom de famille.

La famille est importante tout comme le père (pater familias) qui agit en véritable patriarche. En général, les membres d’une même famille habitent sous le même toit.

 

Cavaillon Infos, octobre 2011

3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 16:26

Située au sud de la troisième travée, à l’étage de la cathédrale Saint-Véran, la chapelle des évêques forme une tribune dominant la nef et bordée d’une large balustrade. En face de celle-ci, se trouve un autel en bois doré polychrome, entouré de colonnes jumelées reposant sur un socle. L’autel était très dégradé, le bois vermoulu, des planches disjointes ; des lacunes existaient sur le motif central, la dorure et la polychromie d’origine étaient recouvertes de peinture, une planche manquait sur le côté droit.

 


Une première étape de restauration a permis de consolider l’ensemble, de remplacer la planche manquante et de faire des greffes sur les lacunes. Une deuxième étape a consisté à approfondir l’autel pour l’adapter contre le mur, recréer le motif décoratif sur la planche qui avait disparu (à l’imitation du motif conservé à gauche) et sculpter le motif de ruban et la retombée en coquille sur le haut des angles. Enfin, une troisième étape en cours consiste à dégager au scalpel la dorure et la polychromie d’origine. Le décor de faux marbre et de dorure sera restitué sur les parties neuves de l’autel.

 

 

 

Cet autel est surmonté d’un gradin dont la dorure, très encrassée et recouverte de fientes de pigeons, sera nettoyée et restituée sur les parties lacunaires. A bientôt pour la suite des travaux.

 

Raymond Escoffier

Janvier 2009


Menuiserie : Gilles Tournillon, agréé par la Direction des Musées de France

Sculpture : Pierre Salva

Dorure et polychromie : Cyrille Augier

3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 13:22
3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 10:24

La ville romaine s’est installée au pied de la colline Saint-Jacques. Cet emplacement a fixé tous les équipements, les fonctions et les attributs, qui lui confèrent le statut urbain d’un chef-lieu de cité latine. L’atout de cet espace résidait surtout dans sa proximité avec la Durance, sa vallée au sud du Luberon, et surtout le gué permettant son franchissement.

Son urbanisme paraît marqué par l’orientation des falaises qui la bordent et qui déterminent un axe nord-sud directeur. C’est celui qu’empruntent les voies antiques partiellement fouillées et que suit très certainement la voie Domitienne. L’actuelle Grand’rue, qui traverse le centre ville actuel, conserve le souvenir de l’artère nord-sud principale de la cité antique.

 

L’ancienne cité épiscopale (cathédrale et place Philippe de Cabassole) paraît recouvrir l’emplacement du complexe monumental antique : le forum. On reste mal documenté sur son organisation et sur la localisation des édifices publics. La récente découverte d’un trésor monétaire antique original dans le jardin de l’ancien hôtel d’Agar (300 deniers d’argent), présentant notamment des fresques murales, pourrait s’inscrire dans ce cadre monumental et constituer un lieu dédié à une divinité féminine. De fait il manque à Cavaillon une vaste opération de prospection des sous-sols qui permettrait de cartographier les murs antiques et de rassembler une documentation plus riche.

 


 

L’habitat antique est relativement mieux connu, en raison de la présence de mosaïques, mais aussi par l’important programme de rénovation réalisé entre 1985 et 1995 aux abords de la Grand’rue. Là ont été observés les tracés de deux voies antiques implantées à la fin du Ier siècle avant J.-C. La plus importante se situe sous la Grand’rue qui constitue l’artère principale de la ville. La seconde lui est parallèle et constitue le prolongement de la rue fouillée sous le Grand Couvent. Ce réseau détermine des îlots d’habitations de 30 m de large. Cette configuration urbaine a pu être observée en 2007 entre l’impasse Viala et la rue Dupuy Montbrun où les vestiges d’habitations ont aussi révélé de belles séquences intérieures de décors muraux peints.

Rue Michelet, un projet immobilier a donné lieu en 1990 à une importante fouille. Des habitations gallo-romaines bordaient de part et d’autre une voie est-ouest sur une superficie relativement large. Une évolution de ces habitats est perceptible entre les années 30-20 avant J.-C. et le IIe siècle de notre ère.

 

L’agglomération gallo-romaine est plus vaste que ne le sera celle de la fin du Moyen Âge. Des sites débordent de l’emprise du rempart médiéval, au nord (sous l’hôpital actuel), comme au sud (place du Clos et quartier de la Cavalerie). On connaît également les limites de la ville par la présence de tombes suburbaines, qui permettent d’évaluer sa superficie maximale à environ 18 hectares.

 

Cavaillon Infos, juin 2011

2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 17:11

Tous les trimestres, hors période estivale, Kabellion publie son bulletin d'information « Patrimoine & Culture ». Les parutions ont lieu en février, mai et octobre.

 

Le sommaire des bulletins

L'éditorial du président


Les bulletins peuvent être consultés au service des Archives municipales de Cavaillon. Si vous souhaitez les recevoir à domicile, veuillez prendre Contact avec nous.

 

Exemple d'article

La peste de 1720 à Cavaillon

Octobre 2007

2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 10:09

Cabellio, étape sur la via Domitia

 

La via Domitia a été créée à partir de 120 avant J.-C., par le consul romain Domitius Ahenobarbus qui lui a donné son nom. Elle réunissait l’Italie aux provinces d’Espagne en desservant ce qui deviendra en 27 après J.-C. la Province Transalpine de la Narbonnaise. Route interprovinciale, aménagée et entretenue aux frais de l’Etat romain, relevant du domaine public, elle fut un axe particulièrement fréquenté par les armées, les fonctionnaires, les commerçants et les marchands, les voyageurs et les pèlerins au point de devenir l’une des plus grandes routes de l’Empire Romain, favorisant de ce fait le développement des villes qui la jalonnaient et la romanisation de ses habitants. Du Rhône aux Alpes, cette route suivait le piémont septentrional des Alpilles, traversait la Durance à Cavaillon et par la vallée du Calavon et la plaine de Mane rejoignait près de Lurs la vallée de la Durance, qu’elle remontait jusqu’au col du Mont-Genèvre. Cavaillon, chef-lieu de cité et gîte d’étape (mansio), commandait le passage de la Durance à la fois pour la voie Domitienne (est-ouest) et pour une voie reliant Aix-en-Provence d’une part à Carpentras, d’autre part à Avignon (sud-nord). Dans la ville romaine de Cabellio, qui s’étendait au pied de l’oppidum gaulois établi sur la colline Saint-Jacques, la voie Domitienne empruntait, semble-t-il, l’axe majeur sud-nord (cardo maximus), sans doute l’avenue du Clos et l’actuelle Grand’rue, passant, près de la cathédrale Saint-Véran, sous l’arc monumental (transféré en 1878 place du Clos où il demeure toujours aujourd’hui). Des nécropoles bordaient cette route au sud et au nord de la ville.

 

Cabellio, étape sur la Durance

 

L’atout particulier de Cavaillon est en outre son emplacement au carrefour de voies fluviales et terrestres majeures, permettant une desserte aisée et une circulation facilitée dans l’Antiquité. Selon Strabon, géographe grec du Ier siècle avant J.-C., pour passer du pays salyen en pays cavare « on traversait la Durance en barque à Cavaillon… ». Ce bac était le plus important de la basse Durance : il se situait dans un détroit, formé par les Alpilles au sud, le Luberon et la Colline Saint-Jacques au nord, point de convergence de plusieurs voies. La Durance constitue donc pour Cavaillon un axe majeur. Fortement utilisée pour le transport de fret et de voyageurs, on y pratiquait le halage et un bac permettait la traversée d’hommes, bestiaux et marchandises.


Dès le XVIIIe siècle, des présomptions portant sur l’existence d’un port fluvial au pied de la colline, ont été émises. On sait qu’une corporation d’utriculaires (1) (bateliers) fréquentait alors la Durance. Une médaille de bronze (2) découverte au XVIIIe siècle dans le Luberon mentionne clairement le « collège » ou corporation de Cavaillon réunissant ces bateliers.

 

En 1903, Michel Jouve, à la faveur d’une décrue exceptionnelle de la Durance, fait la découverte fortuite d’une inscription gallo-grecque gravée à même le rocher de la colline Saint-Jacques et située près d’un énigmatique aménagement de la roche. Une fouille réalisée en 2005 a permis de traduire l’inscription comme une dédicace votive d’un personnage du nom de Phehiknos à un certain Ouelrous, nom d’un dieu proprement local. L’interprétation de ce site renforce ainsi l’idée d’un trafic fluvial intense dès l’époque antique.

 

(1) En effet, la navigation et le transport d’hommes, de bétail et de marchandises pour la traversée de la Durance se faisait à l’aide de radeaux flottant au moyen d’outres remplies d’air, d’où le nom d’« utriculaires » donné aux bateliers qui conduisaient ces barges avec un tirant d’eau très limité.

 

(2) Cette médaille officielle du corps des utriculaires comprend sur une face la représentation d’une outre gonflée en relief, munie d’un anneau de suspension ; sur l’autre face se trouve l’inscription dédicace latine abrégée : COLLE(gium) UTRI(clariomum) CAB(elliensium) L(ucii) VALER(ii) SUCCES(si) ; traduction : « Lucius Valerius, du Collège des Utriculaires de Cavaillon, à ses successeurs ».

 


 

Cavaillon Infos, mars 2011

1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 17:51
Week-end Sciences Pour Tous

Sciences & Société

Château de Lourmarin

14-15 avril 2012

En savoir +


Festival Sciences et Fictions
Et si la nature était notre « mètre » ?

Du 14 au 18 mars 2012

Présentation

Programme


Le jumelage Cavaillon-Weinheim à l'honneur 
Du 13 au 15 octobre 2011

 

OTI Cavaillon-Luberon

Place François Tourel BP 176
84305 Cavaillon cedex

 

Tél. 04.90.71.32.01
Fax 04.90.71.42.99

 

www.cavaillon-luberon.com

 

Horaires d'hiver (de mi-octobre à mi-mars)

Du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h

Samedi et jours fériés de 9 h à 12 h


Horaires d'été (de mi-mars à mi-octobre)

Du lundi au samedi de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30

Dimanche et jours fériés de 9 h à 12 h 30

1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 17:31

L'année 2009 verra la restauration de la chapelle des évêques ainsi que son remeublement, la restauration de l'autel en bois doré et celle de deux grands tableaux. La chapelle se situe au-dessus du vestibule d’entrée de la cathédrale Saint-Véran. Construite au XVIIe siècle par Mgr Jean-Baptiste de Sade de Mazan, elle communique avec la nef par une large ouverture voûtée, avec balustrade en pierre. Abandonnée progressivement au cours des siècles, elle fait l’objet aujourd’hui d’un projet de restauration global (murs et mobilier), avant réouverture au public. Deux grands tableaux, actuellement conservés dans la salle capitulaire, doivent trouver place dans cette chapelle.

 

  

 

Le premier tableau représente trois martyrs tenant chacun une palme, avec un enfant priant et un vieillard à leurs pieds. Si l'identification de Ste-Marguerite et de Ste-Lucie est sans problème grâce à leurs attributs (dragon enchaîné et yeux posés sur une coupe), il n’en va pas de même pour le personnage vêtu en romain. S’agit-il de St-Victor, St-Maurice ou St-Benedictus dont une importante relique (corps entier somptueusement habillé en romain) fut offerte aux Bénédictines par Mgr Guillon de Crochans pour leur chapelle, avant d’être transférée à la cathédrale où elle est toujours conservée ? L’identification du personnage permettrait du même coup de certifier la provenance de ce tableau.

 

 


Le second tableau met en scène l’apothéose de St-Dominique, élevé au ciel par des anges et entouré de sept autres saints de l’ordre des Dominicains. Les attributs respectifs nous désignent clairement St-Pierre martyr, St-Antonin de Florence, St-Pie V, St-Thomas d’Aquin, St-Raymond de Penafort, St-Hyacinthe, Ste-Catherine de Sienne. Ce tableau présente un intérêt particulier pour le patrimoine local : il est tout ce qui reste de la chapelle des Dominicains, entièrement détruite et dont une aile du cloître abrite aujourd’hui la conservation des musées de Cavaillon.


La restauration de ces tableaux débute en mars 2009 et nous faisons appel aujourd’hui à votre générosité pour leur rendre toute leur splendeur passée.

 

Raymond Escoffier

Décembre 2008

 

Le tract de la Fondation du Patrimoine

 

1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 12:10

Le projet d’aménagement du cours Gambetta actuellement en cours de réalisation est l’occasion de revenir sur son histoire et son évolution, et plus particulièrement sur la place portant le même nom, aujourd’hui communément appelée « Rond point de l’étoile ».

 

Au Moyen Âge, la porte de la Couronne était le principal accès intra-muros, avec pont-levis, cloche d’alerte et corps de garde. On y accédait par une vaste esplanade où s’installèrent au fil du temps auberges et cafés.


Au XIXe siècle, ses proportions généreuses et sa situation au croisement des axes venant d’Avignon, de Marseille ou du Luberon, en firent le lieu idéal de rassemblement des Cavaillonnais (marché aux raisins, fêtes et manifestations publiques) avant que les nouvelles places du Clos et François-Tourel ne lui ravissent cette primauté.


Elle prit le nom de Léon Gambetta en 1891, pour commémorer la venue mouvementée du célèbre tribun en 1876 à Cavaillon, dans le cadre d’élections législatives. L’hôtel de la Pomme d’or (act. Société générale) où Gambetta devait prendre la parole, avait alors été pris d’assaut par une foule d’opposants conservateurs et leurs nervis particulièrement déterminés. Le brillant orateur fut contraint au silence, et pire, à la fuite, car on craignit vraiment pour sa vie. Cet épisode resta longtemps cuisant et honteux pour les républicains qui n’eurent de cesse qu’ils ne réparent cet outrage. En 1907 était inauguré un imposant monument à la gloire de l’homme politique, œuvre du sculpteur bollénois Félix Charpentier.

 

 

Le buste en marbre de Gambetta y était veillé avec sollicitude par une grande comtadine de bronze tenant un rameau d’olivier.

 

Victime des réquisitions de métaux durant la seconde guerre mondiale, la comtadine disparut en 1943, laissant le buste bien seul, juché au sommet d’un énorme piédestal. Après la guerre, on repensa l’aménagement de la place en fonction d’une circulation automobile désormais accrue : un rond point avec sens giratoire remplaça le terre-plein et le buste de Gambetta fut déplacé au sud, sur un parterre de pelouse et doté d’un socle mieux proportionné.



 

Pour la décoration du nouveau rond-point, le maire Fleury Mitifiot, imaginait une fontaine bouillonnante (c’était l’époque de la création du syndicat des eaux Durance-Ventoux). L’architecte marseillais Philippe Guidoni proposa en 1956 la figure du polyèdre étoilé de Kelvin, rappelant celui de Pythagore, et symbolisant « la pureté, l’harmonie, l’équilibre, l’absolu de la juste mesure ».


L’idée plut. Le projet initial en verre trempé, trop coûteux, fut finalement réalisé en bronze par la fonderie marseillaise Roure. Le polyèdre fut installé fin 1959 au milieu d’une fontaine, elle-même entourée d’un trottoir décoré d’une calade figurant des vagues.


Atypique, audacieux, ce motif géométrique ne manqua pas de nourrir les commentaires : « Ce polyèdre - que nos visiteurs allemands appellent Stern, d’où Stern Platz, la Place de l’Étoile et d’autres… le Hérisson - m’a causé beaucoup de brocards, [auxquels] je répondais : « Cela veut dire : qui s’y frotte s’y pique ! » » Fleury Mitifiot, 1999.

 



Néanmoins, ce monument original a traversé les décennies, inspiré des noms de commerces, et est régulièrement investi par les Cavaillonnais lors de manifestations populaires (Corso, Fête du melon, victoires sportives, etc.). Il constitue enfin pour l’usager un repère topographique immanquable, qu’on l’appelle l’étoile ou le polyèdre.

 

Cavaillon Infos, décembre 2011

1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 09:19

Kabellion (de son nom gallo-grec), cité du peuple Cavare, qualifiée de « ville de Marseille » par le géographe grec Artémidore d’Ephèse, constitue dès le 6e siècle avant J.-C. un comptoir commercial puissant. Elle est en liaison avec la cité phocéenne et plus largement avec le commerce méditerranéen de part sa position stratégique de carrefour entre vallée de la Durance et vallée du Rhône. Son succès économique est tel que dès le 4e siècle avant J.-C. Kabellion se permet d’éditer sa propre monnaie (inscrite KABE, voir photo) sur le modèle des monnaies marseillaises qui inondent le marché régional et au-delà.


 

 

Les débuts de la romanisation sont marqués par les interventions armées des militaires romains venus au secours « désintéressé » de leur allié marseillais, attaqué de toutes parts par des tribus celto-ligures de la région (Salyens, Voconces, Allobroges). Strabon, géographe grec du 1er siècle avant J.-C. décrit clairement l'enjeu stratégique de ces campagnes de pacification : les romains en profitent pour asseoir leur domination militaire du territoire et ouvrir la route qui relie directement l'Italie à l'Ibérie (Espagne) par la création de la voie domitienne (Via Domitia) en 125 avant J.-C. et celle de la Province Narbonnaise (qui donnera son nom à la Provence), premier territoire colonisé de la gaule en 118 avant J.-C.

 

Les guerres civiles entre Pompée et César pour la prise du pouvoir à Rome sont prétexte pour achever la conquête de la Provence. Marseille, alliée à Pompée est assiégée et soumise à César. Dans cette période trouble, toutes les colonies marseillaises et cités alliées subissent une sévère répression (Apt est rasée). Seule Antibes est épargnée. Bien qu’ancienne colonie phocéenne, un gouverneur romain de la Province Narbonnaise, Lépide, donna l’autorisation à Antibes de frapper sa monnaie.


Ainsi, à Cavaillon, faut-il voir dans la présence de monnaies à la fois frappées du nom du gouverneur romain (LEPI) et du nom latinisé de la ville (CABE pour Cabellio) un avantage pareillement accordé à la cité cavare pour se détacher de l'orbite marseillaise avant sa chute (voir photo) ?


Au premier siècle de notre ère, Pline (historien romain) mentionne dans son énumération des colonies latines de la Narbonnaise « Avenio (Avignon), ville cavare, et Cabelio (Cavaillon) ». Des monnaies apparaissent à la fin du 1er siècle portant l’inscription COL CABE pour Colonia Cabelliensis (colonie cavaillonnaise) associée selon les exemplaires soit au nom du premier empereur, Auguste (photo jointe), soit à une tête de soldat. Cavaillon constitue donc dès cette époque une colonie romaine.

 


Pourtant, un certain nombre de vestiges archéologiques paraissent montrer que cette annexion n'a probablement pas été faite sans heurts ni révolte : des traces de destructions violentes d'habitats datant de la première moitié du 1er siècle de notre ère ont été repérées en plusieurs points, ainsi qu’une importante couche d’incendie sur la partie sud de la colline Saint-Jacques marquant la destruction de l'oppidum gaulois, foyer de rébellion, et témoignant sans doute ainsi de la défense par les Cavares de leur attachement à Marseille contre l’envahisseur romain.

Cavaillon Infos, décembre 2010

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